Ne croyez pas que le travail dans un bureau soit toujours
calme et sans contraintes. Certes, le technicien d’études ne passe pas ses
journées dans les bouchons, sur un escabeau, sur un transpalette ou dans un
baudrier sur une toiture, mais ses risques d’accidents du travail, et surtout
de crises de nerf, restent élevés.
On
va oublier pour l’instant les entailles de doigts à grand coup de feuilles
blanches et les piercings involontaires à l’agrafeuse grand format, pour
aborder un sujet plus grave : L’impression de documents.
J’ai
commencé à comprendre la réalité du problème il y a quelques années, alors que
j’effectuais une mission d’assistante pour de la frappe de documents :
Imprimantes, photocopieuses et autres cracheurs de feuilles noircies d’encre
sont de véritables ennemies !
A
la boîte, la photocopieuse a été changé peu de temps après mon arrivée. La
précédente était une spécialiste du bourrage papier. Une fois par semaine,
l’alerte bourrage retentissait jusque dans mes oreilles, à l’autre bout des
locaux, suivie par des « schlang », « scrach » du pauvre
« entarté » de la photocopieuse qui tentait vainement de récupérer le
document original. La nouvelle photocopieuse ne fait pas beaucoup mieux.
D’ailleurs, le mythique « Monsieur qui vient réparer la
photocopieuse » commence à prendre ses marques dans nos locaux. Je
reconnaîtrais sa silhouette entre mille, costume sombre, courbé au-dessus de la
bête indomptable ! Quand je vois le nombre de fois où la photocopieuse est
en rideau et que je compare à mes arrêts maladies, je me dis que Pascal est
gonflé de râler quand je m’absente pour une gastro. D’autant que moi, quand je
suis malade, c’est pas la boîte qui paie le docteur !
C’est
la raison pour laquelle j’évite soigneusement la photocopieuse. Je suis sûre
qu’elle sent l’odeur du technicien stressé par la forte probabilité de perdre
une bonne heure pour 3 copies. Au passage, cela explique pourquoi le
technicien, alors qu’il bouge assez peu de sa chaise, a souvent des auréoles
sous les bras.
Après
la photocopieuse bourreuse de papier vient l’imprimante joueuse. Celle-ci a été
changée récemment car son dernier truc était de jeter les feuilles imprimées à
l’autre bout de la pièce. On aurait dit un de ces appareils qui crachent les
balles sur les courts de tennis. C’était d’autant plus gênant que cette
imprimante était installée dans l’Open Space, juste à côté de mon bureau.
C’était presque si je ne sentais pas les courants d’air à chaque lancé de
feuille.
Mais
le pire ennemi du technicien, loin devant les photocopieuses et imprimantes
(petites joueuses !), c’est :
LE
TRACEUR. Le traceur est une ENORME imprimante. 1,70m de large, 1,1m de haut.
Dans cet engin du diable, on ne met pas des feuilles, on met un rouleau entier
de papier. Largeur du rouleau : 914 cm. Le changement de rouleau est LE
moment de sport hebdomadaire pour le technicien.
Lorsque
je suis arrivée à la boîte, il y avait un vieux traceur d’une bonne dizaine
d’années, réparé déjà un nombre incalculable de fois. Le dernier drame en date
a été sa grosse panne, justement la semaine où j’avais 23 plans à imprimer en 4
exemplaires chacun. Ca a commencé avec des claquements à chaque retour des
têtes d’impression. Ensuite, le bruit s’est amplifié, amplifié, jusqu’au moment
où … « CLAAAAAC » !!!
Yves
(tournevis en mains) : « P’tain, c’est le bordel ! Faut y
arrêter avec ce traceur ! A chaque fois on le répare, ça nous coûte les
yeux de la tête, et ça claque ailleurs un an plus tard. »
Moi :
« Je vous avais bien dit qu’il allait pèter, ce machin ! Ca fait 3
mois que je vous dis qu’il faut le changer AVANT ce dossier. »
Ouverture
du capot, dévissage, lampe de poche et observation par le réparateur en herbe.
Yves :
« C’est un pignon. Il a du s’user en même temps que la courroie qu’on a
changé l’année dernière. Cette fois c’est pas la peine de réparer, on ne
trouvera plus les pièces. »
Moi
(intérieurement « Ouaiiiis ! On va enfin virer ce vieux machin
merdique ! » ) :
« Pffff… va falloir changer alors. »
Yves :
« Oui, on a plus le choix. »
Moi
(intérieurement : « Ouuuuiiiii ! Youpiiiii ! C’est la
fêteeeeuh ! ») : « Ben on va changer alors … tant pis. »
Une
semaine plus tard, mon nouvel ennemi arrive. Encore plus gros que le précédent,
il dépasse de son emplacement et gène l’accès au bureau de Hervé et Yves. Ravie
de mon nouveau jouet, je finis enfin d’imprimer mes 92 plans.
La prochaine fois que je m’emballe pour un nouvel
outil de travail, rappelez-moi l’épisode du nouveau traceur ! Il y a eu
l’impression vitesse lente (un plan, 20 minutes), l’impression monochrome (
d’immenses bandes moires au milieu de mes plans), la tête d’impression qui lâche
au bout de 9 mois, et j’attends les prochaines crasses que cette teigne de
traceur va me faire dans les prochaines années.